
Par Delubac Asset Management
Depuis le mois d’août, la situation s’est révélée compliquée sur les marchés financiers, avec des indices actions en recul de plus de 5 % des deux côtés de l’Atlantique et des tensions fortes sur les marchés obligataires. Le taux 10 ans américain s’est ainsi rapproché temporairement des 4,9 % début octobre.
D’où vient ce stress depuis cet été ?
Il y a plusieurs facteurs explicatifs.
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Du côté de la
Chine, les nouvelles peu rassurantes se
succèdent, avec une déflation qui s’installe, une relance budgétaire
qui déçoit, un marché immobilier toujours très fragile, comme
l’atteste la quasi-faillite de Country Garden.
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Au
niveau des entreprises,
les résultats du 2e trimestre et surtout les prévisions pour
la fin de l’année, se sont révélés en moyenne en Europe inférieurs aux
attentes, avec des révisions à la baisse de la croissance des BPA (Bénéfices
par actions) attendue pour 2023.
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Sur
le plan de la croissance, un certain nombre d’indicateurs se sont avérés
moins bons qu’attendu, notamment les indices d’activité économique PMI composites
(indice des directeurs des achats) américains et européens publiés en août. Ils
indiquent clairement que l’économie
mondiale est entrée dans « la phase dure » de son ralentissement.
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Dans le même temps, le reflux de l’inflation
est loin d’être linéaire, la stagnation en août en Europe à 5,3 % et le
rebond de l’inflation-cœur aux Etats-Unis en témoignent.
Bataille entre inflation et croissance : des
situations différentes entre Europe et Etats-Unis
Quoi qu'il en soit, la bataille entre l’inflation et la
croissance est amenée à durer. Le ralentissement de la croissance est sensible
des deux côtés de l’Atlantique, de même que le reflux de l’inflation est réel
même si encore trop timide. Néanmoins, la situation est assez différente entre
ces deux grandes zones économiques.
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La croissance aux États-Unis s’avère ainsi
résiliente et on se dirige vers un atterrissage en douceur de l’économie.
La FED attend encore une croissance du PIB aux États-Unis de 1 % pour 2023 et 1,1
% pour 2024. Les derniers indicateurs d’activité ISM se maintiennent en zone de
croissance et l’investissement est stimulé par les Bidenomics. Le marché du
travail reste tendu, mais des signes de détente apparaissent avec des pressions
salariales en recul et des créations d’emploi en baisse. Il faudra néanmoins
regarder attentivement la consommation des ménages car l’épargne accumulée lors
du Covid est quasiment épuisée.
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En Europe, la situation est plus compliquée
avec un ralentissement qui touche aujourd’hui tous les pans de l’économie
et notamment les services longtemps épargnés. La croissance au deuxième
semestre est attendue proche de 0. L’offre de crédit s’est effondrée à son plus
bas niveau depuis 2009, le pouvoir d’achat des ménages a été fortement entamé
par l’inflation élevée. Les entreprises commencent également le ressentir, comme
l’indiquent la hausse des taux de défaut et des prévisions prudentes. Pour
autant, la décrue de l’inflation n’est pas remise en cause par le mauvais
chiffre d’août, imputable en grande partie à la hausse du pétrole. Les chiffres
publiés en septembre sont en ce sens rassurants : les facteurs
fondamentaux continuent d’aller dans le sens de la modération.
Alors qu’attendre pour ces prochains mois ?
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Les grandes banques centrales devraient maintenir
des taux élevés encore longtemps. Les récentes tensions sur les marchés
obligataires prouvent que cela est maintenant intégré par les marchés. De ce
fait, un risque de fort dérapage à la hausse des taux nous paraît limité.
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Les obligations des émetteurs de bonne
qualité (catégorie « Investment Grade ») de maturité plutôt
courte continueront d’être le cœur de nos portefeuilles obligataires. Le
monétaire a également retrouvé un réel attrait, avec des rendements attractifs
pour encore longtemps et un risque quasi nul.
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Du côté des actions, nous allons
continuer à privilégier des entreprises à fort pricing power et les
thématiques long terme comme la transition écologique ou la technologie. Les
très bons résultats et les excellentes perspectives de Nvidia ont par exemple
confirmé le potentiel économique lié à l’Intelligence Artificielle.
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Enfin, le retour du risque géopolitique
sur le devant de la scène peut favoriser à court terme le caractère de
placement refuge des marchés obligataires. Il risque cependant d’être un
facteur supplémentaire de fragilité pour la croissance à venir et de volatilité
sur les marchés.