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Banque et Crypto : une compatibilité riche en opportunités

banque crypto compatible

Elodie Trevillot, Directrice Générale Adjointe de la Direction des Risques et des Contrôles au sein de la Banque Delubac & Cie, soulève la question de la compatibilité des banques et de la crypto. Opportunités, enjeux et déconstruction des préjugés liés aux actifs numériques sont au cœur de cet exposé, également présenté lors du webinaire France Générosités “Les cryptomonnaies validées par nos tiers de confiance”, Oct. 2023.

Les avantages de la blockchain pour la banque

La blockchain offre plusieurs avantages comme la rapidité, la transparence, la sécurité accrue et la simplification des processus de conformité. Plus précisément, l’intérêt des banques à proposer des services liés aux actifs numériques et à la blockchain semblent désormais incontournables pour répondre aux besoins des utilisateurs.

Paiements transfrontaliers

La technologie de la blockchain présente de nombreux avantages pour les paiements transfrontaliers : rapide et économique. En effet, les paiements sont instantanés même si les frontières géographiques sont impliquées. De plus, les coûts associés aux transferts peuvent être considérablement réduits en évitant les frais de conversion de devises et les coûts élevés de transferts internationaux. 

Gestion des crédits

La blockchain est une source d’opportunités pour le marché des crédits syndiqués, de la gestion du mandat au servicing en passant par la tokenisation. La disparition des intermédiaires et l’instantanéité des transactions permet une réduction de l’octroi de plusieurs jours à quelques heures. Pour exemple, la plateforme de ONYX de JP Morgan et la plateforme de crédits syndiqués pour les entreprises de BBVA. Les entreprises peuvent bénéficier d’un processus de crédit plus rapide et plus efficace, ce qui leur permet d’obtenir des fonds plus rapidement pour leurs besoins de financement.

Gestion des instruments financiers

La tokenisation des actifs est un véritable enjeu d’économies d’échelle. En effet, représenter les actifs physiques ou financiers sous forme de jetons numériques (tokens) sur une blockchain permet : 

  • la réduction des délais grâce à l’instantanéité de la blockchain, éliminant ainsi les délais de traitement souvent rencontrés par les systèmes traditionnels,
  • la suppression des intermédiaires réduisant ainsi les délais et coûts associés,
  • la baisse des coûts grâce à l’automatisation des processus, délais et intermédiaires réduits.

L’intérêt croissant des Français pour la crypto

Les actifs numériques sont de plus en plus présents dans l’esprit des Français. En 2023, pas moins de 85 % des Français ont déjà entendu parler de ces nouvelles formes d’investissement1. Cette popularité croissante se confirme avec 26 % des Français déclarant vouloir acquérir des actifs numériques dans le futur1. De plus, il est intéressant de noter que 13 % des Français de plus de 18 ans ont déjà détenu des actifs numériques, tels que des NFT ou des stablecoins1. Les actifs numériques se positionnent véritablement comme une nouvelle classe d’actifs qui suscite l’intérêt des Français.

Près de 30 % des personnes seraient prêtes à changer de banque pour un établissement proposant des services en actifs numériques.1

Face à cet engouement, les banques doivent comprendre l’intérêt de s’adapter à ces nouveaux usages et de saisir les nombreuses opportunités qu’offre cette innovation technologique. Cette donnée met en évidence l’importance pour les banques de repenser leurs offres et de proposer des solutions bancaires et financières adaptées pour répondre aux attentes de leurs clients et rester compétitives sur le marché financier en constante évolution.

L’adaptation des banques aux actifs numériques

Pour répondre aux nouveaux usages et besoins des clients, les banques doivent s’adapter en faisant évoluer : 

  • Le cadre réglementaire : pour proposer des services liés aux actifs numériques en France, les banques doivent obtenir un enregistrement ou un agrément PSAN (Prestataire de Services sur Actifs Numériques),
  • Le dispositif interne : vers de nouveaux outils, la formation des collaborateurs, la sensibilisation aux nouveaux enjeux, etc. pour répondre aux particularités des actifs numériques,
  • La politique de risque : pour intégrer les spécificités des actifs numériques (volatilité des cryptomonnaies (crypto-actifs ou actifs numériques), décentralisation des blockchains, cybersécurité, conformité réglementaire).

La Banque Delubac & Cie accompagne les acteurs de l’écosystème crypto-actifs et web 3 pour saisir les opportunités de cette nouvelle classe d’actifs. 

Les opportunités de services bancaires liés à la crypto

La popularité croissante des cryptomonnaies  (crypto-actifs ou actifs numériques) en France et les possibilités offertes par la technologie de la blockchain ouvrent de réelles opportunités pour proposer des services adaptés aux besoins des clients. 

La gestion de la conservation des actifs numériques

De nombreux particuliers souhaitent bénéficier d’un tiers de confiance pour assurer la conservation sécurisée de leurs actifs numériques. Les banques, quant à elles, possèdent des infrastructures technologiques solides qui pourraient répondre à ces besoins, notamment en matière de cybersécurité. Grâce à leur expérience dans la protection des actifs financiers traditionnels, les banques sont bien positionnées pour offrir ces services. Leur expertise en matière de gestion des risques, de conformité réglementaire et de protection des données peut être étendue aux actifs numériques. Les banques peuvent ainsi jouer un rôle essentiel en offrant des solutions de conservation des actifs numériques fiables et sécurisées, répondant ainsi aux attentes des particuliers en matière de confiance et de protection de leurs investissements.

La gestion des achats – ventes de cryptoactifs

Les banques disposent déjà de dispositifs pour répondre aux besoins des clients en matière d’actifs numériques, particulièrement grâce à leur expérience dans la gestion des transactions liées aux titres financiers. Le principe clé dans ce domaine, la « meilleure exécution », vise à garantir que les transactions sont effectuées de la manière la plus avantageuse pour les clients, en prenant en compte des critères tels que le prix, la rapidité et la sécurité de l’exécution. Ce principe est naturellement applicable à cette nouvelle classe d’actifs.

Le conseil en investissement crypto

Les banques proposent déjà des services à valeur ajoutée tels que le conseil en investissement, l’ingénierie patrimoniale, etc. Dans l’évolution de marché et des technologies, de nombreux clients expriment le besoin d’obtenir des conseils sur l’investissement en actifs numériques, dans le cadre d’une diversification de leur exposition. En effet, les cryptomonnaies, les tokens et NFT gagnent en popularité en tant que classe d’actifs à part entière. C’est donc tout naturellement que les clients cherchent à tirer parti de cette nouvelle opportunité d’investissement tout en ayant besoin d’une expertise de cet environnement complexe.

La déconstruction des préjugés liés aux cryptoactifs

La méfiance envers les cryptoactifs provient en grande partie de scandales passés et du manque de compréhension de cette technologie innovante, souvent perçue comme complexe.

La majorité des cryptoactifs est utilisée légalement

L’utilisation croissante des cryptoactifs à des fins illicites reste inférieure à 1 % depuis 2019.2

La réglementation a aligné les obligations liées à la lutte contre le blanchiment des prestataires de services sur actifs numériques avec celles des banques :

  • obligations de connaissance du client 
  • surveillance constante des opérations pour identifier celles présentant un caractère inhabituel ou illicite 
  • lien direct avec les autorités via une obligation de déclarer auprès de TRACFIN (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits Financiers Clandestins)

Au niveau européen, les exigences seront uniformisées avec la mise en œuvre de la Directive MiCA (Markets in Crypto-Assets). Quant au niveau international, la réglementation encadrant les actifs numériques tend à se durcir.

La blockchain ne favorise pas l’anonymat

La blockchain est publique. En effet, c’est un système de registre distribué, transparent et accessible à tous, où les transactions sont enregistrées de manière immuable et vérifiable par tous les participants du réseau. Le pseudonymat est de mise sur la blockchain, à ne pas confondre avec anonymat. Les autorités peuvent d’ailleurs retracer les transactions jusqu’aux personnes détenant les adresses publiques comme dans les affaires Silk Road ou Bitfinex. Ainsi, les autorités ont commencé à identifier les adresses IP qui sont liées à des circuits de blanchiment ou de contournement des sanctions (USA, UK, OFAC).

Les cryptoactifs ne sont pas l’outil privilégié des blanchisseurs

Les principaux risques LCB-FT sont issus de l’utilisation d’outils spécifiques ou de plateformes décentralisées : 

  • Les mixeurs : ils cassent le lien entre l’adresse d’origine de la transaction et l’adresse de destination pour assurer l’anonymat de certaines transactions ;
  • Les plateformes décentralisées : elles ne répondent pas aux exigences de plateformes régulées et n’appliquent pas toujours les règles réduisant le risque de blanchiment ;
  • Les anonymes : actifs numériques tels que Monero ou Zcash mettant l’accent sur l’anonymat des transactions. Contrairement aux cryptomonnaies traditionnelles comme le Bitcoin, elles ne sont pas enregistrées sur une blockchain publique, les expéditeurs, destinataires et montants transférés sont masqués. 

Les outils LCB-FT spécifiques à la blockchain

Les outils d’analyse de la blockchain viennent compléter les outils de connaissance client et de surveillance des relations d’affaires existants. Les outils d’analyse de la blockchain les plus utilisés comme Chainalysis, Coinfirm, Scorechain ou TRM, ont maintenant plus de 5 ans d’ancienneté et sont capables :

  • d’analyse multifactorielle :  entité (les Exchanges), adresses et transactions.
  • d’intégration des règles de gestion des risques spécifiques à chaque utilisateur (exemple : le risque pays, secteurs à risque)
  • d’étendre l’analyse sur certaines blockchains jusqu’à 1000 rebonds
  • d’identifier les risques (par exemple, identifier les mixeurs)

Les fonctionnalités et l’utilisation de ces outils font l’objet d’une analyse des autorités dans le cadre des demandes d’enregistrement et d’agrément PSAN.

Sources : 
1. Étude ADAN KPMG, 2023, Web 3 et Crypto en France et en Europe : adoption par le grand public et applications dans les industries. 
2. Rapport Chainalysis 2023