Connu tour à tour sous le nom de Paris-Levallois, Levallois Metropolitans puis Metropolitans 92, le célèbre club de basket francilien voit subitement son activité s’interrompre en 2023 par manque de financement. L’histoire aurait pu s’arrêter là sans l’intervention de Luc Dayan. Ce spécialiste de la restructuration de clubs sportifs aux multiples casquettes décide, en effet, de faire revivre cette marque emblématique sous le nom du Metropolitans Basketball Club en 2024. Quel est le modèle financier d’un club sportif ? Quelles sont ses attentes envers un partenaire bancaire ? En quoi sa gestion se rapproche-t-elle de celle d’une entreprise ? Luc Dayan, Président du Metropolitans Basketball Club, nous répond.

Comment est né le Metropolitans Basketball Club ?
L.D. : C’est un club atypique dans la mesure où la structure juridique des Metropolitans avait disparu en 2023 quand la mairie de Boulogne-Billancourt, qui en était propriétaire, a pris la décision de l’arrêter. À cette période, j’ai été contacté par des repreneurs potentiels qui m’ont demandé conseil car, par le passé, j’ai eu l’occasion de restructurer plusieurs clubs sportifs. C’est comme ça que je me suis intéressé aux Metropolitans avec l’envie de faire revivre cette franchise iconique du basket français. Mais pas en reprenant le club d’origine. En 2024, j’ai eu l’idée de transformer l’équipe des Blue Steelers, qui appartenait au Levallois Sporting Club, en une toute nouvelle équipe professionnelle qui évolue en 3e division : le Metropolitans Basketball Club. Un projet qui s’est concrétisé grâce au soutien de la ville de Levallois-Perret, où les Metropolitans avaient beaucoup joué, d’actionnaires américains et de particuliers qui restaient attachés au club historique.
Quel est plus spécifiquement votre rôle au sein du club ?
L.D. : J’ai conçu le projet de franchise des Metropolitans et convaincu plusieurs acteurs de le soutenir. En tant que Président du club, mon rôle consiste avant tout à maintenir cette dynamique, à consolider les liens entre toutes les parties prenantes et à veiller à conserver l’esprit de convivialité qui l’anime. À mes côtés, l’équipe compte les joueurs, deux salariés administratifs et le staff sportif composé d’une quinzaine de personnes, dont Christophe Schpoliansky, qui est Manager opérationnel. C’est lui qui gère la vie du club au quotidien : l’organisation des rencontres, la signature des contrats avec les joueurs, les relations avec la Fédération Française de basketball… Anthony Dagnaud est, quant à lui, Président délégué. Il connaît très bien le monde du basket et s’investit beaucoup auprès des joueurs, des coachs et des actionnaires.
Quels sont les enjeux liés au renouveau de ce club ?
L.D. : Ils sont multiples. Au niveau de la gouvernance, nous avons dû apprendre à fonctionner avec des actionnaires américains. Nous échangeons avec eux chaque semaine car la communication est clé pour favoriser la prise de décisions. En parallèle, nous avons également des enjeux financiers et RH, pour recruter par exemple des joueurs. Comme l’équipe joue en 3e division, nous avons forcément des écarts entre les recettes que nous générons et nos dépenses, d’où la nécessité d’injecter des capitaux pour atteindre l’équilibre. Nous comptons pour cela sur nos actionnaires tout en cherchant à renouveler le modèle économique d’un club sportif afin de gagner en résilience. Si la ville de Levallois-Perret nous soutient financièrement, nous sommes toujours en quête de nouveaux sponsors. Notre équipe joue ainsi des matchs à domicile, dans les Palais des sports Gabriel-Péri et Marcel-Cerdan, mais aussi sur les terrains d’autres collectivités, comme Saint-Ouen, qui la soutiennent à leur tour. Et nous avons aussi proposé au club de basket féminin du Mont-Valérien de rejoindre la franchise en devenant le Mont Valérien Metropolitanes. Si ce rapprochement permet de développer les deux équipes en parallèle tout en perpétuant l’héritage des Metropolitans, l’objectif est aussi de tisser des liens entre tous les fans de basket de la région parisienne et de construire un véritable projet métropolitain !
En quoi la gestion d’un club sportif est-elle semblable ou différente de celle d’une entreprise ?
L.D. : Gérer un club de basket, c’est comme gérer une entreprise. On génère des revenus, on paie des salaires, on doit tenir notre comptabilité à jour… Ce qui s’en distingue, c’est qu’on ne vend pas un produit mais une prestation sportive. Pour qu’une équipe soit bonne et progresse au classement, l’entraînement physique ne suffit pas. Les joueurs doivent aussi s’entendre sur le plan tactique et psychologique. C’est une alchimie délicate à trouver. On peut donc voir un club comme une entreprise de spectacle sportif mais il y a plus. Un club, c’est aussi des relations conviviales entre les joueurs, le staff et les fans. Ce que l’on voit sur le terrain reflète la manière dont le club est géré, sa vision et l’ambiance qui y règne. Au sein du Metropolitans Basketball Club, nous avons d’ailleurs une devise qui résume cet état d’esprit : Never Give Up[1] !
Pouvez-vous nous en dire davantage sur le modèle financier du Metropolitans Basketball Club ?
L.D. : Oui, bien sûr. Les Américains Allen T. Lamb et Sam Katzin-Simon ont créé la plateforme de sport et de divertissement EuroStep Ventures (ESV) qui est actionnaire majoritaire de la structure GPS33. Celle-ci regroupe également des actionnaires minoritaires et détient 80 % de la SASP[2] Levallois Metropolitans Basketball Club. Les 20 % restants sont détenus par le Levallois Sporting Club, qui est le plus grand club omnisports de France. Comme nous jouons en 3e division, les actionnaires et les sponsors couvrent un budget par nature déficitaire. L’objectif, pour nous, est donc de construire peu à peu un club professionnel capable de s’autofinancer. Mais cela prend du temps. Le budget est ainsi redéfini chaque année en fonction des résultats sportifs. Si nous parvenons à passer en 2e division, nous aurons plus de subventions et, sans doute, des contrats plus importants avec des sponsors désireux d’amener les valeurs du sport dans le monde de l’entreprise.
Pourquoi ce modèle financier est-il innovant ? En quoi correspond-il au monde sportif de demain ?
L.D. : Le fait d’avoir un club sportif qui n’est pas la propriété d’une seule ville est très rare. Le nom des Metropolitans peut en effet être adopté plus largement, comme nous l’avons fait avec l’équipe féminine du Mont Valérien. La ville de Levallois-Perret a ainsi été notre premier partenaire mais nous souhaitons que d’autres villes puissent se rattacher au projet, accueillir des matchs et nous soutenir. Pour cette raison, le nom de l’équipe est « Metropolitans Basketball Club », sans la mention de Levallois qui est, en revanche, présente dans la dénomination de la société sportive qui l’héberge car, historiquement, le club a surtout joué dans cette ville. Ce choix permet aussi de soutenir notre ambition de développer le club en Île-de-France et dans la métropole du Grand Paris. Il répond enfin à une nécessité : le financement du sport professionnel ne peut plus seulement dépendre des finances publiques. D’où un nouveau modèle qui correspond aux enjeux du sport de demain et se traduit par l’association d’acteurs, publics et privés, pour gagner en indépendance sur le long terme.
La Banque Delubac & Cie fait partie de vos soutiens : qu’attendez-vous d’un partenaire bancaire ?
L.D. : Au niveau du club, nous avons besoin d’être accompagnés sur des problématiques d’optimisation de notre trésorerie. Nos joueurs, qui sont plutôt jeunes, ont également besoin de conseils pour gérer au mieux leur patrimoine. Le fait que la Banque Delubac & Cie partage des valeurs communes comme l’audace, l’engagement et le sens du collectif nous a, naturellement, rapprochés. D’autant que la banque souhaite développer une expertise financière dans le domaine du sport, ce qui est un réel atout pour répondre aux spécificités de notre secteur. Enfin, avoir parmi nos soutiens un partenaire reconnu pour son sérieux devrait donner confiance à d’autres entreprises qui, demain, pourront avoir envie de soutenir à leur tour le club.
[1] Ne jamais abandonner !
[2] Société anonyme sportive professionnelle. En droit français, il s’agit d’une structure très proche d’une société anonyme classique destinée à la gestion d’un club sportif.