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Les 100 ans de la Banque Delubac & Cie – Episode 3

Pour célébrer les 100 ans de sa création, la Banque Delubac & Cie lance une fresque inédite en 6 épisodes de 1924 à demain, entremêlant les évènements de la construction de l’établissement au cœur du contexte économique, sociétal et artistique qui ont émaillé le 20 et 21e siècle.

Les années 1960-1970

RESPONSABILITÉ, MODERNITÉ, CONTINUITÉ

Une nouvelle ère riche de promesses et d’innovations

Maurice Delubac est témoin des changements considérables qui vont jalonner les Trente Glorieuses.

Portrait de Maurice Delubac

Maurice Delubac
Photothèque Banque Delubac & Cie

La France et l’Occident traversent un long cycle d’expansion économique et de progrès sociaux ininterrompus. Cette période est restée dans les mémoires comme les « Trente Glorieuses », expression forgée par l’économiste Jean Fourastié pour désigner ces trois décennies de croissance et d’espérances matérielles sans précédent.

La mémoire collective a conservé une grande nostalgie de cette époque caractérisée par le plein-emploi, une monnaie forte, des innovations tous azimuts, un irrépressible élan de libération des mœurs et, surtout, une confiance collective dans l’avenir. Cette confiance s’exprime également dans les avancées de la construction européenne.

Le nouveau franc, mis en circulation en 1959-1960, irrigue l’économie. De grands projets d’équipement voient le jour, destinés à garantir prospérité et souveraineté nationales (programme nucléaire, réseau autoroutier… ). Le climat des affaires s’en trouve puissamment encouragé malgré des turbulences comme la grève des mineurs en 1963 ou le mouvement étudiant et ouvrier de mai 68.

Comme le sait bien Maurice Delubac, le système bancaire apporte une précieuse contribution à la modernisation du pays, puissamment stimulée par les prêts aux particuliers et aux entreprises. Consommation rime avec bancarisation.

A la fin de la décennie 1960, presque tous les Français majeurs possèdent un compte en banque et un chéquier. L’accès aux services bancaires est quasi général. Les Françaises obtiennent enfin leur émancipation financière (voir encadré).

Livret d’épargne 1972

Livret d’épargne 1972 – Photothèque Banque Delubac & Cie

Des innovations techniques fleurissent, qui révolutionneront le quotidien des Français. Le distributeur automatique de billet est conçu en 1967. Puis apparaît la carte bancaire, fille de la carte à puce inventée en 1974 par le Français Roland Moreno. L’accès aux comptes à distance est expérimenté à partir de la fin de la décennie 70.

Passage du temps

Maurice Delubac doit parfois penser que le monde bancaire a bien changé depuis qu’il a embrassé la carrière. Quand il avait rejoint la Banque Privée, il n’existait pas encore de définition légale du métier de banquier !

A l’aube des Trente Glorieuses, il est déjà sexagénaire. Il s’adapte aux temps nouveaux et aux techniques bancaires les plus récentes comme il s’est toujours adapté aux changements, aux mutations professionnelles, aux métamorphoses sociales.

Il va devoir faire face à une concurrence bancaire croissante entretenue par la montée en puissance des banques de réseau.

Il va assister à la fin de la convertibilité-or du dollar en 1971, à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE en 1973, aux débuts du Système Monétaire Européen – première étape vers l’euro … Que de chemin parcouru depuis le « franc Poincaré » ! Et quelle distance des Années folles aux années Rock n’ Roll, du cinéma muet à la Nouvelle Vague, du Palais idéal du facteur Cheval – mort en 1924 dans un département voisin de l’Ardèche – aux ateliers des plasticiens, performeurs, « hyperréalistes » et autres artistes conceptuels !

Le Cheylard. La place et l'église – 1964

Le Cheylard. La place et l’église – 1964, Archives départementales de l’Ardèche 28 Fi 3887

Passage de témoin

Pour l’heure, Maurice Delubac se soucie de la pérennité de sa banque. Comment faire ? La réponse porte un nom : Jean Samuel. Son gendre. Après des études de droit, il est entré à la Banque de France. A Lille, loin de l’Ardèche. Il a travaillé dans différentes succursales, il s’est formé aux différentes activités bancaires. Il est prêt, capable, motivé. En 1960, il se met en disponibilité, retourne au Cheylard, rejoint la banque et collabore étroitement avec son beau-père.

La succession est engagée. Elle prendra la forme d’un passage de témoin harmonieux, tout en douceur. S’ouvre une heureuse période de consolidation et de croissance maîtrisée pour la banque. La gouvernance familiale est optimisée. Les clients sont fidèles, le bassin industriel du Cheylard tourne à plein régime.

Pour autant, l’époque ne va pas être de tout repos. Au cours de la décennie 70, des réseaux nouveaux croissent et affichent leurs ambitions. Ils bénéficient d’activités réservées comme la distribution de prêts bonifiés. Mais Maurice Delubac et Jean Samuel incarnent une autre conception de la banque. Ils jouissent d’une clientèle fidèle et d’une excellente réputation entretenue par leur gestion avisée, leurs expertises reconnues et leur sens de la proximité. Armés d’une conception pragmatique et à « visage humain » de leur métier, ils maintiennent le cap.

L’année 1976

En 1976, une page se tourne avec le décès de Maurice Delubac. Comme par une prémonition, dix jours avant sa mort la banque s’est transformée. Elle est devenue la « Banque de L’Eyrieux Delubac et Cie », une société en commandite simple.

Enregistrement Société en commandite simple – 1976

Enregistrement Société en commandite simple – 1976 – Photothèque Banque Delubac & Cie

Ce statut est propice à un mode de management moderne et souple. C’est une société de personnes, dans laquelle la responsabilité des associés commandités est indéfinie et solidaire. Ils sont responsables sur leur patrimoine personnel. Une garantie pour les clients et un signe de solidité et de cohésion de la gouvernance de la banque.

La toute nouvelle société ne compte au départ qu’un seul associé-gérant : Josette Samuel-Delubac. Jean Samuel est, lui, directeur général.

Quand les femmes conquirent enfin leur émancipation financière …

La loi du 13 juillet 1965 constitua un jalon essentiel dans la conquête pour l’égalité entre les sexes en autorisant – enfin ! – les femmes à ouvrir un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari.

Jusque-là, sauf situation de veuvage ou de célibat, elles devaient présenter une « autorisation maritale » pour ouvrir un compte ou signer un contrat de travail alors même que 40 % d’entre elles exerçaient une activité professionnelle.

Les banques comprirent très vite l’essor de ce nouveau marché et rivalisèrent d’imagination pour attirer les clientes. Elles contribuèrent aussi à leur éducation financière en leur proposant des supports pédagogiques sur le monde bancaire, la gestion d’un compte, l’offre de prêts…

En 1967, les femmes obtinrent – il était temps ! – le droit de circuler et de faire des affaires à la Bourse de Paris. Jusque-là, leur présence dans l’enceinte du palais Brongniart était interdite. Une modification du règlement interne de la Compagnie des agents de change mit fin à cette extravagante discrimination.

1er Distributeur automatique extérieur de billets de banque, en France. 1968

1er Distributeur automatique extérieur de billets de banque, en France, de la Société Marseillaise de crédit. 1er juillet 1968. © Chomont, René / Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet

Il faudra toutefois attendre une loi de 1985 pour que l’égalité financière au sein des couples soit pleinement reconnue… Et le troisième millénaire pour que des femmes accèdent au plus haut niveau de responsabilité dans les institutions financières : Janet Yellen à la tête de la FED (2013), Christine Lagarde au FMI puis à la présidence de la BCE (2019), ou encore Delphine d’Amarzit aux commandes de la Bourse de Paris (2021).

Comment vont-ils faire face aux défis qui les attendent, confrontés à des incertitudes liées aussi bien à leur marché et aux évolutions du monde bancaire qu’au contexte économique du pays, mais bien décidés à préserver l’indépendance de leur banque ?

A découvrir très bientôt dans :
SE RÉINVENTER POUR RESTER-SOI-MÊME

Signature de Maurice Delubac, Fondateur de la banque Delubac & Cie